XIII

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XIII

Архив департамента Роны.

L. 398–403. (1797 г.).

Arr?t? que copie de la pr?sente sera transmise tant au ministre de l’int?rieur, qu’a celui de la Guerre avec invitation pressante de prendre les dites observations en tr?s grande consid?ration.

S?ance du 12 flor?al an cinq de la R?p. Fran?aise Repondre au Bureau Consultatif.

Observations relatives au Commerce et aux Manufactures de Lyon.

On ne cesse de rep?ter que l’on veut rendre au Commerce toute sa splendeur, ? nos manufactures toute leur activit?» que c’est le seul moyen de r?tablir nos finances que six ann?es de guerre ont an?anties, de rendre le num?raire ? la circulation, de rouvrir toute les sources du bonheur public, de faire enfin disparoitre et oublier tous nos maux en ramenant les fran?ais ? leur industrie naturelle par toute les ressources qui peuvent encore porter n?tre commerce au plus haut degr? de gloire.

Que faut-il pour remplir ce but? protection, tranquillit? et s?ret?, ces moyens sont dans la main du gouvernement, favoriser les villes de manufacture, non par des privil?ges, elles n’en r?clament pas, eloigner d’elles tout ce qui pourroit y amener l’oisivet?, le libertinage ou la dissipation, veiller sur le prix des denr?es de premi?re n?c?ssit?, coiter avec soin tout ce qui peut contribuer ? le faire augmenter, assurer par une bonne police l’ordre et la tranquillit? dans l’int?rieur, empocher s?v?rement, l’exportation de nos mati?res premi?res, encourager l’importation de celles ?trang?res, faire de bons trait?s de commerce avec les puissances ? qui nous donnons la paix; l? se bornent toutes les pr?tentions du Commerce ? la sollicitude du Gouvernement.

Les manufactures employent des ouvriers des deux sexes avec le m?me avantage; les hommes se livrent aux travaux qui exigent de la force et aux grandes op?rations de commerce, les femmes sont utiles aux ouvrages plus minutieux, le luxe des modes pour l’?tranger, des broderies, des habillements leur est presque enti?rement confi?; les hommes re?oivent un salaire plus consid?rable, mais il faut n?anmoins aux uns et aux autres les moyens de subsistance pour eux et leur famille l’excessive chert? des denr?es augmente n?cessairement la main d’?uvre, et cette augmentation, jointe aux prix tr?s ?lev? des mati?res premi?res, nuit dans beaucoup d’objets de notre industrie ? la concurrence que nous avons int?r?t de maintenir avec l’?tranger.

Sous ces rapports les troupes ne doivent pas ?tre en nombre dans les villes de Commerce et de Manufactures; cette augmentation passag?re d’habitans donne aux denr?es un surhaussement de prix qui se communique de suite ? la main d’?uvre et qui subsiste longtems m?me apr?s leur ?loignement, ce premier inconv?nient bien senti, par les gouvernements avoit fait placer les troupes toujours loin des villes de manufactures, le gouvernement anglais en usa toujours ainsi pour Manchester etc., les troupes ne s?journoient jamais ? Lyon, cette disposition politique avoit encore une autre cause.

Les soldats, quelque disciplin?s qu’ils soient, r?pandus dans les villes cherchent ? se d?lasser de la fatigue des camps, s’ils ont d?fendu nos fronti?res avec ardeur, s’ils ont ?tendu nos conqu?tes au p?ril de leurs vies, il est ass?z naturel de croire que dans l’int?rieur ils cherchent toutes les compensations, toutes les jouissances dont ils ont ?t? priv?s: pour se procurer ces jouissances, ils se choisissent des compagnons de plaisir, soit parmi les ouvriers, soit avec les ouvri?res qui trouvent aussi dans ces amusements une vie plus douce que celle d’?tre tout le jour attach? ? un m?tier, ? une broderie, etc., les m?urs se corrompent, la licence remplace la vie laborieuse; viennent ? sa suite les rixes, les insurrections, et souvent les plus grands d?sordres, enfants de l’oisivet?, de l? les ateliers sont abandonn?s, les manufactures languissent, le manufacturier voit ses esp?rances s’?vanouir, ses fonds sont en souffrance, les commissions prises de l’?tranger sont retard?es, les foires, ces temps pr?cieux pour les ventes, sont manqu?es le commissionnaire frustr? des b?n?fices qu’il attendoit retire ses ordres, et en derni?re analyse la balance du commerce tourne au d?triment de la France voil? pour toutes les villes de manufactures en g?n?ral, qu’il soit permis d’ajouter quelque chose de particulier pour Lyon, la ville sans contredit la plus int?ressante pour le tr?sor public par ses nombreuses manufactures par son immense population, et par sa pr?pond?rance dans la balance du commerce avec l’?tranger.

Les malheurs de Lyon sont assez connus, les manufactures d?lapid?es, les chefs fuyant ou p?rissants sur les ?chafauds, les ouvriers cherchant une terre hospitali?re qui leur donne du pain et du travail, portants ? l’?tranger l’industrie qui n’auroit jamais abandann? notre sol sans les horreurs qui s’y sont commises, les capitalistes enterrans le num?raire qui a pu leur rester apr?s les ravages du papier monoye dans la crainte qu’il ne leur soit enlev?.

Tous ces maux pr?sens encore ? la m?moire des malheureux Lyonnais se couvrent d’un voile quand l’horison politique est sans nuages, la confiance reparoit, l’homme industrieux se livre au travail, l’homme ? argent d?lie sa bourse, de cet heureux concours nait la prosp?rit? publique mais, s’il survient un mouvement dans le gouvernement au renouvellement des calomnies, ? l’approche des Reverchons, ? la nouvelle de mesures r?volutionnaires au soup?on de l’existence d’un camp dont la pr?sence doit influer sur le prix des denr?es, sur la main d’?uvre et sur les m?urs, surtout lorsqu’il est reconnu que les troupes arrivent toujours pr?venues contre les habitans de Lyon par la malveillance que les sc?l?rats ennemis de cette ville, ont eu soin de semer sur leur route, alors toutes les craintes renaissent, le capitaliste serre de nouveau sa bourse, le num?raire disparoit, le taux de l’int?r?t augmente en raison de sa raret?, le manufacturier s’arr?te, l’ouvrier manquant de travail ne peut plus fournir du pain ? sa malheureuse famille, d?j? il songe quel pays pourra lui procurer des ressources, tous les travaux sont suspendus. Ces oscillations perp?tuelles de craintes et d’esp?rances effrayent l’ouvrier qui n’attendoit que la paix pour rentrer dans ses foyers et portent le d?couragement total parmi ceux qui sont rest?s, dont le nombre ne pourrait suffire lorsque les manufactures reprendront toute leur activit?.

Que deviennent alors ces magnifiques promesses repet?es tant de fois, de faveurs pour les manufacturiers, de travail pour les ouvriers, de soulagement pour les indigents.

C’est donc ? d?truire toutes les craintes et ? r?aliser toutes les esp?rances que doit s’attacher le gouvernement, s’il veut voir refleurir le commerce, et ce sera alors et seulement alors, que le manufacturier et l’ouvrier dont les int?r?ts sont si ?troitement li?s, travailleront avec courage pour leur bonheur et pour la prosp?rit? publique; rien ne leur manquera, ni ressources, ni travail, si le gouvernement faisant usage de tous ses moyens leur assure protection, tranquillit? et s?ret?, c’est alors que tous les canaux d’abondance s’ouvriront, que tous les ?changes se feront au dedans et au dehors, que nos manufactures s’enrichiront du luxe de l’?tranger, c’est alors enfin que le commerce fran?ais reprenant toute sa splendeur ne trouvera plus de rivaux comme la France ne trouvera plus d’ennemis, et chacun ? l’emoi s’empressera de repeter: Vive la paix, vive la r?publique.

Fait au Bureau de commerce de Lyon.

Lyon 12 flor?al an cinq de la R?publique Fran?aise.