XI

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XI

Нац. арх.

D. IV. 49. Пачка 1425 (f?vrier ? juillet 1790)

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«comit?s de constitution et imposition le 13 fevr.»

13 F?vr. 1790.

Les ouvriers du Fauxbourg St. Antoine ? l’Assembl?e Nationale.

Messieurs!

Nous sommes fran?ais! notre libert? est l’?uvre honorable de votre sagesse. Votre inalt?rable civisme nous inspira le noble et pers?v?rant courage qui assure notre conqu?te: nous saluons dans cette auguste assembl?e les patriotes g?n?reux qui nous ont fait devenir des hommes, et qui ont applaudi avec allegresse lorsque nous avons bris? nos fers. Avant tout nous renouvelions le serment unanime de vivre et mourir pour la loi, nos fr?res et la libert?. Vous avez, Messieurs! proclam? les fran?ais pour un peuple d’amis et de fr?res; cette juste proclamation nous impose le devoir de vous assurer que de nouvelles preuves de notre valeur et de notre force vous seront toujours donn?es avec un empressement plus vif et mieux entendu qu’en 1789. Nous d?clarons qu’avant de. parvenir jusqu’? vous les ennemis auront d? s’ouvrir un passage ? travers nos c?urs. Qu’ils se persuadent bien que les fran?ais sont libres, qu’ils ont form? la noble et vigoureuse resolution de ne pas cesser de l’?tre; pareeque nous savons qu’une nation qui perd sa libert? ne la recouvre jamais. Nos fr?res des d?partements s’accordent ? penser comme nous; ils sont nos rivaux de z?le et de patriotisme; ils s’uniront ? nos efforts ou plut?t ils nous permettront d’unir les n?tres aux leurs.

Nous venons d?poser dans le sein de nos augustes repr?sentants l’expression d’un v?u qui ? l’?il de la nature doit paroitre simple autant que juste et qui ?tant accueilli, feroit ?vanouir la pr?seance des ain?s sur les cadets c’est-?-dire des fortun?s sur ceux qui ne le sont pas. Les ain?s — ce sont les citoyens actifs; les cadets n’ont que le titre de citoyens fran?ais; et il nous semble qu’un droit d’ainesse d?truit celui de l’?galit?, de la libert? m?me.

Loin de nous toute volont? particuli?re! nous exprimons notre d?sir, dont nous souhaitons l’accomplissement, pourvu qu’il n’alt?re en rien le cours et les prudentes combinaisons de la volont? g?n?rale. Loin de nous tout esprit de division et d’int?r?t priv?! Si votre sagesse juge ? propos de favoriser notre demande nous aurons eu le bonheur de ne pas nous ?tre tromp?s. Si le contraire arrive, l?gislateurs! notre z?le inviolable n’en sera que plus actif et plus civique; vous nous verrez toujours vos plus z?l?s d?fenseurs. Nous ne sommes pas citoyens actifs, pareeque nous ne payons pas une imposition directe. Cependant l’activit? civique, ne le dissimulons pas ? nos meilleurs amis est ? nos yeux le plus beau titre qui puisse honorer de bons fran?ais: ah! si nous pouvions l’obtenir, l’indigence laborieuse souferte au sein d’une probit? s?v?re annobliroit nos ames fi?res et naives qui ne connoissent ni les besoins de d?tail, ni les volupt?s, ni les corrup-lions de la richesse. Les m?urs y gagneroient infiniment. Quand les hommes ont la conscience de ce qu’ils valent et une juste estime d’eux-m?me, la sph?re de leurs facult?s intellectuelles s’aggrandit; ils sentent bient?t une certaine majest? dont ils doivent soutenir l’influence; un imp?rieux instinct les d?robe au pi?ge jadis coutumier, des souillures morales; ils re?oivent le sentiment d?licat de la pudeur; et l?, o? le peuple aime a reconnoitre l’empire et le caract?re de la vertu, commence le r?gne des m?urs.

Daignez, Messieurs! consid?rer que la pauvret? est le fl?au de la multitude, et celle-ci compose les deux-tiers de la population fran?oise. Si le premier tiers est quelques chose ou peut le devenir et que les deux autres ne soient rien, l’un jouit de tous les bienfaits, ins?r?s dans vos nouvelles loix, tandis que les deux autres enti?rement passifs languissent dans la nullet? la plus absolue.

C’est le contraste de la richesse avec la pauvret? qui constitue l’utilit? de l’une ? l’?gard de l’autre. Si personne n’?tait pauvre, personne ne seroit riche. Quelle diff?rence y a-t-il donc entre celui qui a de la fortune, et celui qui n’en a pas, l’homme fortun?, fatigu? de loisirs, ach?te de quoi satisfaire ses go?ts, ses caprices, ses besoins superflus. Le pauvre qu’il paye, se donne la peine de lui vendre et d’executer ce qui plait ? ses fantaisies. L’un sans talent, seroit bien ? plaindre, si la fortune lui manquoit, l’autre qui ?prouve peu de besoins scait quelquefois trouver le bonheur avec le salaire de son industrie. Tous les deux sont des hommes; et mis dans la balance de la vertu, l’indigent peut souvent l’emporter sur le riche; il ne lui manquera que de l’instruction; mais qu’on el?ve son ?me il en aura bient?t acquis. Qu’on se rapelle que presque tous les hommes de g?nie on ?t? pauvres.

Comment seroit-il donc possible de nous accorder l’activit? civique? Nous formons le v?u le plus unanime en faveur d’une imposition capitale que l’on pourrait percevoir sur chacun de nous, comme la taille personnelle, ?tablie sur les cultivateurs non propri?taires; il seroit facile de faire des retenues sur le prix de nos journ?es et de le (sic) verser, ensuite, au bout de chaque quinzaine et de chaque mois entre les mains d’un citoyen actif qui en compterait ? la caisse du district. Ce que l’on feroit pour nous, pourroit ?tre mis en pratique pour tous les autres ouvriers de Paris: et ce qui seroit possible dans les murs de la capitale pourroit l’?tre dans tous les d?partements. La quittance de notre imposition serviroit ? chacun de nous de titre pour avoir une carte de citoyen actif. Ce seroit l? le compl?ment de l’Egalit? fraternelle. Sans quoi notre existence rapelle celle des ilotes. Des Ilotes dans Lacedemone! Ils perdirent et deshonor?rent cette libre et majestueuse R?publique. Nous demandons, si cela ne nuit pas ? la chose publique qu’on fasse disparoitre jusqu’au nom fl?trissant des impositions indirectes. Que chaque t?te paye deux sols par jour; chacune d’elle acquittera alors par mois 3, et pour l’ann?e 36 I. Il y a 25 millions de Fran?ais, vous aurez donc une recette annuelle et totale de 900 millions; mais supposons qu’un tiers ?chape ? l’imp?t, il vous restera toujours ce que vous d?sirez, Messieurs — le produit net de 600 millions. Quel citoyen ne donnera pas deux sols par jour, pour salarier la force necessoire qui s’aplique ? la Loi!

Les imp?ts indirects ont des inconv?nients remarquables; ils arment, dans une m?me patrie des fr?res contre des fr?res; ils produisent les m?mes sc?nes sanglantes que le fanatisme parmi nos ayeux; les uns veulent enfreindre les loix fiscales et les autres repoussent les violateurs, les armes ? la main. Entre l’attaque et la r?sistance s’allument des haines implacables, aux extr?mit?s des villes ou des d?partements, l? o? devroit veiller la sentinelle de la libert?, sous l’egyde de la Cocarde et du Patriotisme, on ne rencontre que des ennemis et des perturbateurs.

Si le droit et la libert? sont tout, pour que ce tout soit ?galement partag? il nous semble qu’il faut diminuer, autant qu’il est possible, le nombre

des oppresseurs soudoy?s afin d’?tre moins afflig?s par les plaintes, les mis?res et les larmes des opprim?s.

Une taxe personnelle ne deshonore personne; au contraire chacun devra la supporter avec plaisir; chaque citoyen verra ce qu’il doit et ce qu’il donne ? la patrie; il en surveillera l’emploi; il indiquera les abus; et avec le temps, l’or des subsides n’ira plus se perdre dans les canaux multipli?s d’une fiscalit? astucieuse, il y a une certaine facilit?, un certain art a d?ployer dans le mode de perception. L’on peut tout avec les encouragements» persuasifs du Patriotisme et de l’Equit?. Une imposition unique et personnelle! Tous les citoyens s’empresseroient d’y faire honneur en b?nissant le sage decret qui l’aurait ?tablie.

Nous avons exprim? librement notre v?u, nous laissons avec confiance ? votre g?nie de raison et de l’equit? le soin spontan? de l’acueillir ou d’en motiver le danger, et comme vos loix sont pour nous les oracles de la sagesse m?me, ou vous accepterez notre dol?ance comme un principe d’utilit?, cher ? l’int?r?t public, ou nous serons convaincus que si c’est une erreur le patriotisme — seul nous l’aura fait commetre de bonne foi, et quand vos lumi?res et votre justice nous l’auront indiqu?e, d?sabus?s par vous, notre retour ? la v?rit? vous donnera, augustes fr?res! de nouveaux droits ? notre vive et affectueuse reconnaissance.

Sign?.

(26 подписей).

Ses signatures aprouv? par tous les ouvriers du fb. St. Antoine.