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(17 февраля 1806 г.)
Consid?rations ? l’appui du m?moire pr?sent? ? Sa Majest? l’Empereur par les fileurs et tisseurs du D?partement du Rh?ne et par les fileurs et tisseurs du D?partement de la Dr?me.
Lorsque l’art de la filature ?toit dans l’enfance parmi nous, lorsque un pr?jug? mal entendu s’opposoit ? la propagation des moyens industriels qui en diminuant les fraix de main d’?uvre donnoient une grande perfection au travail; ont ?toit forc? d’avoir recours au commerce de l’Inde pour se procurer les toilles de coton n?c?ssaires ? la consommation de nos manufactures d’indiennes;
Ce commerce faisoit sortir annuellement de France des sommes consid?rables en argent qui ne renlroient plus o? au moins qu’en tr?s petite-partie, puisque les objets d’exportation se reduisoient ? peu de chose;
Il est vrai que la compagnie o? des n?gociants fran?ais faisoient par cette importation des b?n?fices qui diminuoient d’autant la somme des esp?ces export?es outre que c’?toit une ?cole pour notre marine; les ?tablissements que nous avions sur la c?te de Coromandel et de Malabar offroient de grandes ressources pour le commerce de la Chine es du Japon;
Mais ? pr?sent que nos ?tablissements dans cette partie du globe n’existent plus; ? pr?sent que les anglais ont mis en leur pouvoir toute la presqne’ile de l’Inde; nous n’avons plus de compagnie, ni commer?ants fian?ais qui puissent faire ce commerce directement, et c’est des anglais seuls que nous pouvons nous procurer les toiles de coton qui se consomment chez nous, pour lesquelles seulement nous leurs payons la somme annuelle de 70 ? 80 millions!!!
Pour nous exonerer d’un si enorme tribut, il fallut recourir ? l’?tablissement des filatures et tissures sur notre propre sol; et depuis quelques ann?es que le gouvernement, par des sages r?glemens, et la prohibition sur certaint objets fabriqu?s, tels que basins, piquets velours etc. les avait encourag?s, ont avait vu s’?l?ver des fabriques dans ce genre dans toutes les parties de la France.
Le gouvernement Anglais n’a pu voir ces ?tablissements de sang froid; avec le commerce exclusif en Europe des cotons fil?s et de leurs tissus, l’Angleterre gagne annuellement de sommes ?normes et soutire tout l’argent du continent, qui sert ensuite ? corrompre les ministres des diverses puissances et ? entretenir la guerre et la discorde; ensorte qu’en dernier r?sultat c’est nous qui fournissons une partie des subsides qu’elle accorde aux puissances qui nous font la guerre;
Il est donc urgent de faire cesser un ordre de chose aussi ruineux, et la mesure que prendra l’empereur des fran?ais, ne peut ?tre ni trop prompte, ni trop forte; car le mal est ? son comble. —
Beaucoup de chefs d’ateliers, esp?rant que par une prohibition absolue, les fils et tissus ?trangers ne pourroient faire concurence aux leurs, avoient augment? le nombre de leurs m?tiers; ? Paris, ? Rouen, les ateliers ne s’occupoient que de la construction des nouvelles machines pour la filature, et dans les d?partements, plusieurs ?tablissements dans ce genre s’?toient form?, o? ?toient pr?ts ? l’?tre, lorsque tout ? coup ce genre d’industrie s’est trouv? frapp? d’une paralysie totale.
Dans le Midy, dans le D?partement de la Dr?me entre autre, les filatures de coton commen?aient ? s’y propager, au point que dans la seule ville de Crest — dont la population exc?de tout au plus quatre mille ?mes, plus de cinq cents individus etoienl occup?s ? ce genre d’industrie. Messieurs Daly et C° y avoient m?me form? un ?tablissement de tissures en toiles de coton compos? de cinquante m?tiers, mais ne pouvant soutenir la concurrence ?trang?re ils se sont vu forc?s de l’abandonner;
Ces filatures alimentoient les fabriques de Montpellier qui offroient un double avantage ? la France; par leurs teintures en ronge qui comsommoient les huiles, et d’avancer d’autres productions de notre sol;
Les tissus et les fil?s en couleurs de ces deux villes s’exportaient dans les iles et en Espagne, d?bouch?s enti?rement perdus pour nous, l’Espagne en a enti?rement prohib? l’entr?e et la consommation de nos colonies est r?duite ? peu de chose;
Remarquons, n?anmoins, que l’Angleterre ne cesse d’introduire ses fil?s et tissus en coton dans le Portugal et de l? en Espagne, ensorte que bient?t nos toiles de Flandre et de Voyron y auront tr?s peu de consommation par la preferance qu’on y accorde aux kalicots et perkales anglaises pour chemises et autres;
Les fabriques de Lyon et de N?smes emploient beaucoup de coton fil?, m?lang?s avec de la soie; et font ainsi des ?tofes qui ont cours dans le nord de l’Europe; mais les fil?s anglaises s’y pr?sentent encore en concurence, et les bas prix leurs obtient la pr?f?rence;
C’est cotons fil?s audessous du N 60 quoique prohib?s, ne parviennent pas moins, on ne sait comment, dans le c?ur de la France; sans doute ? la faveur de ceux qui sont d’une finisse sup?rieure et toujours par une maneuvre coupable;
L’arr?t? de S. M. l’Empereur de jour compl?mentaire an 13, en augmentant les droits d’entr?e sur les fils et tissus en coton, ne rem?diera pas au mal que font aux n?tres ceux venant de l’Angleterre, pareeque les primes que le gouvernement anglais accorde au commerce sur les exportations, et les gros b?n?fices qu’il fait sur tout ce qu’il tire de i’Inde, lui permettront de baisser les prix de ces objets au point de les livrer au dessous de ceux de nos fabriques:
Craint-on qu’une prohibitions totale prive nos fabriques d’indiennes des toiles nec?ssaires pour leurs consomations? on ne le pense pas; des miliers de m?tiers sont pr?ts ? se monter; pour peu que la consomation de leurs tissus soit assur?e ? N?smes, ? Montpellier et ? Avignon, on est s?r que plus de trois mille ouvriers qui ne font rien, se livruiroient ? ce genre d’industrie, auqueis ils sont si familliers est qui est si facile ? enseigner que dans 40 ? 45 jours ils pourroient dresser la m?me quantit? d’apprenifs; sans compter que l’emploi de la navette volante pour les tissus de grandes largeurs, r?duit le nombre des tisseurs de moiti?; sans compter encore que les fil?s, provenant de nouvelles machines, ont plus de prix et l’ouvrier fait un tiers de plus d’ouvrage;
Ainsi l’on peut affirmer que les fabriques de France seroient bient?t ? m?me de fournir les quantit?s des tissus n?cessaires ? celles d’indiennes et m?me an del?;
Ajoutons ? toutes ces consid?rations que non seulement la France s’allegeroit d’un tribut enorme envers son ennemi implacable en cessant d’importer ses fils et tissus en coton, mais m?me l’on verroit bient?t d’autres ?tats imiter son exemple et appauvrir d’autant cette puissance ambitieuse et jalouse qui ne cesse de m?diter la ruine des autres ?tats pour s’emparer du commerce du monde;
Ainsi le h?ros qui gouverne la France ajoutera beaucoup ? sa gloire, il aplanira une partie des obstacles qui s’opposent ? ses grands desseins — contre ces audacieux insulaires, s’il parvient ? affranchir la France du tribut annuel quelle est forc?e de lui fournir, que dis-je? ? pr?sent que ses ?clatantes victoires l’on rendu l’arbitre des destin?es des ?tats du continent, qu’il exige pour condition essentielle de la paix qu’il leur accorde, que tout les ports du continent soient ferm?s aux Anglais, et bient?t la superbe Albion renoncera ? l’acte de navigation invent? par Cromwell, et conformant ses principes ? ceux que la justice et l’humanit? prescrivent ? toutes les nations polic?es, elle se bornera ? jou?r des avantages de sa position, de son industrie et de sa civilisation, sans s’opposer ? ce que les autres nations usent du m?me privil?ge;
En exigeant une pareille mesure de la part des autres ?tats de l’Europe, l’Empereur ne feroit que leur bien; puisqu’ils n’en est aucun qui ne soit ?galement tributaire de l’Angleterre, tant pour les objets en question, que pour une infinit? d’autres; et alors colla tourneroit l’industrie de leur population de ce cot?, et pourroit, en attendant qu’elle e?t atteint la perfection n?c?ssaire, fournir un d?bouch? ? l’exc?dent de nos fil?s;
A cet effet les fileurs et tisseurs soussign?s d?posent aux pieds du tr?ne leurs respectueuses observations avec la confiance que la premier regard de l’Empereur, apr?s avoir r?gl? le sort de ses illustres compagnons, se portera sur la partie industrieuse de ses peuples, qui en faisant des v?ux pour la conservation de sa pr?cieuse personne, ne cesse de concourir par ses laborieux travaux, au soulagement de la classe indigente et la prosp?rit? du commerce et l’agriculture.
Fait ? Crest le 17-e f?vrier 1806.
(следуют подписи).
Vu pour legalisation des signatures des fileurs et tisseurs de Crest qui ont sign? cy dernier.
Fait en mairie ? Crest le 19 f?vrier 1806.
Bellier.