1.2. Le socialisme malgache de Philibert Tsiranana

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1.2. Le socialisme malgache de Philibert Tsiranana

Ayant ?t? membre de la SFIO, Tsiranana cr?a un parti, le Parti Social D?mocrate (PSD), militant pour «un socialisme pratique et humain» qui travaillera «sans se pr?occuper des grandes th?ories souvent d?pass?es par les ?v?nements». Il n’aime pas les grands discours: pour lui il faut agir, et travailler sans les longues discussions qui se font souvent dans les partis politiques: «Asa fa tsy kabary»[774]. Avec la France, le parti garde des relations privil?gi?es et ne touche ni aux entreprises, ni aux propri?t?s coloniales qui maintiennent la mainmise sur l’?conomie. Le socialisme se cantonne ? une promotion (sans beaucoup de r?sultats) du mouvement coop?ratif. Quelques tentatives pour lancer des fermes d’?tat furent r?alis?es. Les restes du FIDES avaient permis de fnancer les travaux au ras du sol dont l’impact sur la population ?tait palpable.

Le Parti Social D?mocrate (PSD) est l’appareil politique du r?gime. Il se confond avec l’?tat et toute l’administration est ? son service, ainsi a-t-on parl? d’?tat PSD. Cette p?riode a fx? pour beaucoup de Malgaches, la repr?sentation du parti et de sa place et r?le dans la vie politique: pour r?ussir, socialement et ?conomiquement, il faut adh?rer au parti du plus fort, moyen rapide d’ascension sociale. Le PSD est membre de la III?me Internationale. Il entretient de tr?s bonnes relations avec la Sociale D?mocratie allemande et le Parti Travailliste isra?lien.

L’opposition repr?sent?e par l’AKFM du pasteur Richard Andriamanjato et le MONIMA de Monja Jaona, n’a qu’une audience r?gionale et, est r?duite ? servir de caution d?mocratique au r?gime. La presse est musel?e et reste soumise ? la censure.

Sur le plan ?conomique, le contexte fut favorable durant les cinq premi?res ann?es d’ind?pendance; mais suite ? la chute du cours du caf? et ? la fermeture du canal de Suez apr?s la guerre des Six Jours, il se d?t?riora ? la fn des ann?es 60. Des eforts s?rieux furent fournis pour lancer la production rizicole dans le sens de l’intensifcation et de l’am?nagement de grands p?rim?tres irrigu?s (Alaotra, plaine de Marovoay, Bas-Mangoky, Dabaraha).

Le montage de deux grandes unit?s textiles ? Antsirabe et Majunga relan?a la culture de coton. La premi?re R?publique avait esquiss? un d?but d’industrialisation par la mise en place d’unit?s industrielles comme la rafnerie de Toamasina, la papeterie d’Ambohimanambola ou l’usine d’allumettes de Moramanga…

La premi?re d?cennie du r?gime est caract?ris?e par un progr?s ?conomique r?gulier et efectif. Il faudra toutefois remarquer que le monde rural reste pauvre. L’efort industriel demeure le fait soit de l’?tat, soit des ?trangers. Les Fran?ais conservent le contr?le d’une grande partie de l’?conomie malgache. Le Code des Investissements de 1962 les favorise et les investissements priv?s fran?ais sont relativement importants. Mais une grande partie du proft (sinon la totalit?!) est rapatri?e.Une bourgeoisie nationale existe; elle est particuli?rement dynamique dans la sp?culation immobili?re et le commerce. La pr?sence d’une population d’expatri?e importante de Vazaha[775], de Karana[776] et de Chinois stimule la production et la consommation.

Sur le plan culturel, le PSD lance une politique de promotion de l’?cole. Philibert Tsiranana a toujours vu dans l’?ducation une condition n?cessaire au d?veloppement. Ainsi, le gouvernement s’efor?a de doter chaque sous-pr?fecture d’un CEG et chaque pr?fecture importante d’un lyc?e. On cr?a une universit? pour la formation des cadres sup?rieurs destin?s ? remplacer progressivement les coop?rants fran?ais. Tout le syst?me ?ducatif ?tait align? au syst?me fran?ais et s’appuyait largement sur une coop?ration technique importante qui fournissait personnel, manuels et mat?riels. Le succ?s fut efectif et l’efcacit? indiscutable en mati?re de scolarisation. Mais tr?s t?t, elle deviendra source de probl?mes d’emploi. Et Philibert Tsiranana et son r?gime seront victimes de leur principal succ?s.

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