3.6. L’ère Ravalomanana

3.6. L’?re Ravalomanana

Le 6 mai 2002, Ravalomanana est proclam? solennellement pr?sident et pr?te serment devant la Haute Cour Constitutionnelle, conform?ment ? la Constitution, sous la pr?sence d’une partie du corps diplomatique et avec l’all?geance de l’Arm?e et de la Gendarmerie. Le 26 juin, les Etats Unis reconnaissent le r?gime, suivis aussit?t par quelques pays. La France h?site, et fnalement reconna?t le nouveau pouvoir le 3 juillet. La prise du contr?le des provinces fut rendue possible par le ralliement de l’arm?e. A Toamasina, les afrontements furent ?vit?s par le d?part de Ratsiraka. Des r?sistances plus s?rieuses eurent lieu ? Majunga et dans la province de Di?go. En ao?t, le nouveau pouvoir avait pris en main le contr?le de tout le pays.

Marc Ravalomanana cr?e son parti, le Tiko I Madagasikara (TIM). Le TIM obtient 104 si?ges sur 160 aux ?lections l?gislatives de d?cembre 2002, une majorit? confortable qui sera renforc?e par le succ?s du TIM aux municipales de novembre 2003.

Les attentes de la population sur le nouveau r?gime ?taient tr?s fortes, alors que l’?conomie avait profond?ment soufert des efets des ?v?nements de 2002. Des mesures furent prises pour relancer l’?conomie: am?lioration du r?seau routier, facilitation de l’acc?s aux biens d’?quipement par la suppression momentan?e des taxes, lutte contre la corruption, s?curisation de la propri?t? fonci?re, lancement d’une nouvelle monnaie lariary qui remplace le franc malgache.

Le cadre de r?f?rence ?tait toujours le Document de Strat?gie pour la R?duction de la Pauvret? (DSRP). La d?fnition des priorit?s du r?gime semblait traduire une volont? d’asseoir l’autorit? de l’?tat dans la bonne gouvernance. Les autres axes prioritaires de la politique g?n?rale de l’?tat furent: l’am?lioration des infrastructures (routes, t?l?communication, ?nergie), l’?ducation pour tous, la sant? publique, le d?veloppement du monde rural, la pr?servation de l’environnement et le tourisme. Ce qui n’?tait pas ?tranger ? la suppression des dettes de Madagascar par les institutions fnanci?res internationales.

Aux ?lections pr?sidentielles du 3 d?cembre 2006, Marc Ravalomanana se pr?sente pour sa propre succession avec une dizaine de candidats; il remporte la victoire, avec une majorit? confortable, se mettant ainsi ? l’abri de contestation s?rieuse.

Souvent, le second mandat est moins bon que le premier dans l’histoire des d?mocraties, mais pour Marc Ravalomanana, ce n’est pas le cas. Le 4 avril 2007, il soumet par r?f?rendum une r?vision de la constitution qui renforce le pouvoir du pr?sident, qui supprime les provinces autonomes et met en place un nouveau d?coupage territorial en 22 r?gions, introduit l’anglais comme langue ofcielle avec le malgache et le fran?ais. Dans l’entourage du pr?sident, le projet d’un troisi?me mandat ?tait en route.

La cr?ation des r?gions a ?t? faite pour avoir des entit?s plus efcaces. Les provinces, trop ?tendues ne pr?sentaient pas r?ellement une unit? g?ographique coh?rente. L’opposition, pourtant attach?e aux provinces avait choisi (la mauvaise id?e) de boycotter le r?f?rendum et la r?vision fut adopt?e. Habilement, Marc Ravalomanana s’appliqua ? museler l’opposition Aux l?gislatives du 27 septembre 2007, le TIM rafa les 82 % des si?ges ? l’Assembl?e Nationale. L’opposition parlementaire ?tait r?duite ? rien. Des mesures vexatoires furent prises par les nouveaux chefs de r?gions ? l’endroit de l’opposition qui avait beaucoup de difcult?s ? organiser meetings et r?unions publics. Des stations radiophoniques appartenant ? l’opposition furent interdites d’?mettre et ferm?es. La couverture nationale fut interdite aux radios et t?l?visions priv?es, mais pourtant autoris?e de facto pour la MBS, la radiot?l?vision du pr?sident. La d?rive autoritaire du r?gime ?tait devenue une r?alit? v?cue et ressentie particuli?rement du c?t? des intellectuels et des syndicats comme le SECES (Syndicat des Enseignants Chercheurs de l’Enseignement Sup?rieur) et le SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar). La bonne gouvernance ?tait annonc?e par le pouvoir, d?clar?e dans les bonnes intentions politiques, mais de ce c?t?-l?, les arbres du progr?s masquaient la for?t des anciennes pratiques des d?mocraties post-coloniales. Et en v?rit?, des eforts tangibles ont ?t? faits sur les trois initiatives suivantes:

L’am?lioration de la gestion fnanci?re ? travers l’adoption et la mise en ?uvre d’un plan de r?forme;

La lutte anti-corruption par la cr?ation du Bureau Ind?pendant Anti-corruption (BIANCO) et de la SAMFIN;

le renforcement de la soci?t? civile et des medias, en particulier dans les actions de d?veloppement[781].

Mais les r?sultats ont ?t? mitig?s et souvent ces mesures ont abouti ? un sentiment d’in?galit? de traitements parmi la population malgache.

Toujours est-il que l’on ne pourra pas nier chez Marc Ravalomanana d’avoir eu cette volont? de faire avancer les choses et de faire bouger le cocotier. Il a le m?rite d’avoir cru aux ressources de la population malgache et aux potentiels du pays. Il a cette conviction qu’en travaillant dur, vite et bien, le peuple malgache pourrait d?marrer l’?conomie et sortir de la pauvret?. Il revient aux dirigeants de donner un cadre bien d?fni et apporter des mesures appropri?es. Les mesures prises lors du premier mandat ont d?montr? l’efcacit? du pragmatisme de l’homme d’afaire malgache: distribution de kit scolaire pour encourager la scolarisation, recours aux comp?tences ?trang?res pour relancer les soci?t?s d’?tat en difcult?, pour avoir des bons r?sultats et vite, RRI (Rapid Results Initiative) oblige!

Si au cours du premier mandat le document de r?f?rence ?tait le Document de Strat?gie pour la R?duction de la Pauvret? (DSRP), en 2006, le gouvernement malgache ?labore le Madagascar Action Plan (MAP), une approche int?gr?e du d?veloppement et de la lutte contre la pauvret? qui s’appuie largement sur les Objectifs du mill?naire pour le D?veloppement (OMD). C’est la feuille de route du gouvernement malgache pour la p?riode allant de 2007 ? 2011. Elle est bien partie, mais fut brutalement interrompue par le coup d’?tat d’Andry Rajoelina et ses partisans.

Si on observe les tendances des indicateurs sur les ann?es 2006–2008, on observe une nette am?lioration de la situation sur l’?conomique et le social. Apr?s la longue tendance r?cessive des ann?es 80 et 90, le PIB s’est mis ? cro?tre durant les ann?es de pr?sidence de Marc Ravalomanana. Et, ce, malgr? le ralentissement de l’?conomie mondiale et la crise mondiale de 2008[782]. Il est vrai que, pour une longue p?riode entre 1960 et 2007, le PIB par t?te a recul? de plus d’un tiers! Et m?me si l’atteinte des objectifs du mill?naire semble peu probable, la remont?e est r?elle.

L’?ducation est sans aucun doute le secteur qui a attir? le plus l’attention de Marc Ravalomanana. La distribution de kits scolaire et la suppression des frais scolaires ont permis une forte augmentation des enfants scolaris?s (1,89 millions en 1997–98, 3,83 millions en 2006–07) Les reformes constituent un d?f de taille, demandent beaucoup de moyens humains et fnanciers. Elles sont os?es et leur pertinence ne peut ?tre mise en doute. Conform?ment aux OMD, le plan Education pour Tous (EPT) a ?t? am?lior? en 2008 et align? aux objectifs du MAP. Les innovations concernent l’allongement du cycle primaire qui passe de cinq ? sept ans, le cycle coll?ge ?court? ? trois ans, ainsi que le cycle lyc?e ? deux ans. La n?gociation de cette r?forme a ?t? tr?s difcile, et elle a ?t? rejet?e une premi?re fois par l’assembl?e nationale o? le parti du gouvernement ?tait majoritaire. Les ?coles confessionnelles (catholiques surtout) et priv?es ?taient hostiles. En sept ans, l’?l?ve devait acqu?rir les comp?tences minimales qui lui permettraient d’entrer dans le monde du travail et de la production. Nouvelle approche, nouveaux programmes, refonte des «mati?res enseign?es», nouveaux outils et nouveaux manuels, et nouveaux ma?tres: tout est nouveau et tout le personnel doit ?tre initi? et form? aux nouveaux programmes. L’objectif est de promouvoir un enseignement fonctionnel.L’impl?mentation de la r?forme du primaire aurait d? ?tre r?alis?e enti?rement en 2011.

Enfn, en ce qui concerne les relations internationales, Marc Ravalomanana privil?gie l’int?gration r?gionale. Madagascar se rapproche pour la premi?re fois de ses voisins africains, d?laiss?s par les pr?c?dents pr?sidents au proft des pays du Nord. L’?le est membre actif de la SADC, et se pr?parait ? accueillir le sommet de l’UA en juillet 2009. Les relations avec le France n’ont pas toujours ?t? bonnes: le pr?sident afchait une pr?f?rence pour l’anglophonie et ne cachait pas son intention de s’afranchir des liens traditionnels contraignants avec l’ancienne m?tropole.

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